DES INSTITUTIONS
DEMOCRATIQUES POUR L'UNION EUROPEENNE ( I )
LES CONDITIONS POLITIQUES
Une dérive centralisatrice et
totalitaire
Depuis 1974, on a constaté dans tous les domaines une
dérive technocratique, dirigiste, centralisatrice, unitaire et jacobine de la
construction européenne. Non seulement cette dérive a entraîné partout des effets
pervers, mais par ses excès mêmes elle ne cesse de susciter de très fortes oppositions.
Les exemples de cette dérive sont innombrables.
Ainsi, aucun droit de sécession n'est prévu pour permettre aux peuples de
sortir d'une organisation qui ne tiendrait pas compte de leurs droits fondamentaux. C'est
ainsi le droit essentiel des peuples à disposer d'eux-mêmes qui fondamentalement leur
est refusé.
L'intrusion de l'Organisation de Bruxelles dans
des domaines qui devraient rester du seul ressort des Etats et des Parlements nationaux
est sans limites. Ainsi, dans la Déclaration insérée dans l'Acte final du traité
d'Amsterdam des sanctions très lourdes sont prévues à l'égard des Etats membres qui
rétabliraient la peine de mort.
La dérive technocratique et centralisatrice de
l'Union européenne rend plus que jamais nécessaire une réflexion approfondie sur la
finalité de la construction européenne et une totale révision de ses institutions.
La dégénérescence actuelle de la Construction
Européenne ne saurait se poursuivre. Il nous faut en repenser complètement les
principes et tous les textes, de toute évidence inadaptés, sur lesquels elle repose. Il
nous faut revoir tous les prétendus acquis communautaires.
Il est ainsi nécessaire de mettre fin au
développement démesuré des pouvoirs supranationaux de la Commission et à une extension
indéfinie de processus de décisions antidémocratiques et, à vrai dire, de nature
totalitaire. Il nous faut assurer la sauvegarde de nos intérêts fondamentaux. (Voir
nota en bas de page)
Deux principes fondamentaux
En fait, la Construction Européenne
répond aux aspirations profondes des peuples, mais ses modalités doivent être entièrement
repensées suivant deux principes.
Cette Charte devrait être assortie
d'une Déclaration des droits et des devoirs fondamentaux des citoyens européens.
Une Confédération Politique Européenne
Une Confédération Politique
Européenne démocratique implique que soient étendus au niveau européen les
principes de la démocratie qui, au cours des siècles, se sont progressivement dégagés
des expériences nationales. Elle implique que les nations participantes décident de
poursuivre en commun la réalisation de leurs intérêts communs et
acceptent de régler leurs différends sur la base de dispositions communes acceptées
d'un commun accord et selon des procédures préétablies à cette fin.
Une telle Confédération doit disposer
de pouvoirs limités mais réels, et tirer directement ses pouvoirs des
peuples eux-mêmes et non des gouvernements nationaux.
Une telle organisation politique
implique le transfert à cette organisation de certains des droits souverains des Etats.
La seule question qui importe
réellement est dès lors la suivante : Est-il possible de définir des liens
institutionnels préservant efficacement les diversités nationales dans ce qu'elles ont
d'essentiel, tout en assurant l'efficacité de l'action commune pour la réalisation des
objectifs communs ?
Une nécessaire décentralisation
Toute tentative pour édifier une
organisation politique européenne sur une base unitaire où la majorité ferait la loi
sans aucune restriction serait fondamentalement antidémocratique. En fait, toute
organisation valable d'une société démocratique doit être aussi décentralisée qu'il
est possible, et toute centralisation doit se limiter au minimum indispensable.
Pour chaque Etat, ce qui est
souhaitable, c'est que d'une part il rétrocède un maximum de droits à ses diverses
régions pour toutes les questions où ces régions sont plus compétentes et
peuvent être plus efficaces et que d'autre part il transfère à une
confédération politique européenne ce minimum de droits qu'implique la
poursuite efficace en commun des seuls objectifs communs que l'on entend
poursuivre.
La règle de la majorité
Dans une société réellement
démocratique le pouvoir, quel qu'il soit, doit être réparti entre autant d'hommes qu'il
est possible, et l'application de ce principe est le meilleur moyen d'atteindre et de
maintenir la liberté, et d'assurer à chaque individu un plein développement et un plein
usage de ses dons et de ses capacités.
Le remède réel au "déficit
démocratique" qui se constate actuellement au sein de l'Union Européenne ne
saurait résulter à l'avenir de processus fondés sur la seule régle de la majorité, car,
une fois encore, l'essence de la démocratie, c'est le respect des minorités, et les
majorités, l'histoire n'a cessé de le démontrer, peuvent être plus oppressives encore
que les pires des tyrannies.
La régle de la majorité n'est
valable que pour les questions d'importance mineure. Pour toutes les autres, la solution
doit être recherchée dans des votes à l'unanimité ou à la majorité qualifiée et
dans des clauses de sauvegarde.
Une Confédération
La solution à rechercher ne peut
être ni une pure association d'Etats, ni un Super-Etat fédéral. La première
solution qui repose fondamentalement sur des traités entre Etats n'en est réellement pas
une, car elle maintient et risque même d'exacerber les oppositions entre Etats souverains
; la seconde transcende les Etats dans tous les domaines par un pouvoir qui en
est indépendant et qui devient inévitablement oppressif.
La solution réellement appropriée,
c'est celle d'une Autorité Confédérale chargée de la gestion politique sur
une base démocratique des seules questions d'intérêt commun avec des
délégations de pouvoirs limités à ces seules questions d'intérêt commun,
spécifiées dans une Charte Confédérale.
Dans l'état actuel des choses,
l'Autorité Politique Confédérale doit nécessairement gérer toutes les
questions relatives à l'organisation du Marché commun et à ses relations économiques
avec des pays tiers.
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NOTA : On ne saurait trop méditer ici l'Arrêt
de la Cour Européenne du 17 décembre 1970 :
"La validité des actes arrêtés par
les institutions de la Communauté ne saurait être appréciée qu'en fonction du droit
communautaire ; le droit né du traité, issu d'une source autonome, ne peut, en raison de
sa nature, se voir judiciairement opposer des règles de droit national quelles qu'elles
soient, sans perdre son caractère communautaire et sans que soit mise en cause la base
juridique de la Communauté elle-même ; dès lors, l'invocation d'atteintes aux droits
fondamentaux tels qu'ils sont formulés par la Constitution d'un Etat membre ou aux
principes de sa structure constitutionnelle, ne saurait affecter la validité d'un acte de
la Communauté ou son effet sur le territoire de cet Etat.
Un tel texte est manifestement exorbitant.