|
|
|||||
Michel Gendrot | ||||||
Ingénieur Civil du Génie Maritime | ||||||
Opinion diffusée en mars 2000 à cinquante personnalités du Gouvernement français, du monde politique, financier, industriel, syndical, de la presse et de la télévision. | ||||||
La nouvelle colonisation Il est de bon ton aujourd'hui de vouer aux gémonies le colonialisme d'il y a cinquante ans. C'est passer sous silence les avantages indéniables qu'il a apportés aux populations locales. La puissance coloniale, quelle ait été française, anglaise, belge, hollandaise, etc.., se donnait aussi pour tâche de promouvoir le pays. Elle effectuait dans ces pays des investissements énormes en matière d'infrastructures diverses : villes, chemins de fer, routes, ports, centrales électriques, équipements administratifs, scolaires, culturels, etc.. Les colons locaux n'étaient pas des esclavagistes, c'étaient des entrepreneurs qui offraient des emplois, payaient des impôts, et assuraient en fait la prospérité du pays. Ces emplois étaient payés modestement il est vrai, mais on peut être assuré qu'ils auraient été encore moindres avec des employeurs locaux. Cette situation était finalement assez équilibrée car la puissance coloniale apportait beaucoup d'argent. C'est aussi la puissance coloniale qui a fait la prospection et la découverte des richesses minières dont ces pays profitent aujourd'hui. Et surtout, si l'on excepte l'intermède malheureux des deux guerres mondiales où nos colonies ont été impliquées dans ces guerres au même titre que nous et nos alliés pour quelle raison en auraient-elles été dispensées ? - la puissance coloniale apportait la paix. Depuis que nous sommes partis, que voyons-nous ? En bien des endroits des roitelets locaux ont pris le pouvoir et s'approprient les richesses. Ils se battent entre eux. Rares sont les pays où la paix civile est assurée. L'indépendance n'a été pour ces peuples qu'une satisfaction d'amour propre car, sur le plan matériel, c'est la catastrophe pure et simple. A ce tableau sombre, il y a heureusement quelques exceptions où des chefs sages et éclairés ont su trouver la bonne voie, mais il faut bien dire que ces exceptions sont rares. Cette page étant tournée, le colonialisme a-t-il disparu ? Nullement ! Il a pris une autre forme bien pire car maintenant il est vraiment à sens unique. Les nouveaux colonisateurs sont les sociétés multinationales qui, sous couvert de l'alibi commode des principes intouchables (!) de la "mondialisation", peuvent mettre les pays tiers en coupe réglée. Ces sociétés installent des filiales délocalisées dans le but de profiter des salaires bas. Les soi-disant "apports de technologie" sont délibérément réduits à leur plus simple expression et sont soigneusement surveillés et morcelés. Les prix de vente à la maison mère sont calculés pour limiter au maximum le paiement d'impôts locaux et, grâce à la suppression de tous droits de douane, c'est la multinationale qui profite, pas le pays d'accueil. Pour les multinationales, la mondialisation est une mine d'or. Quant aux pays anciens, on leur demande de supporter cette concurrence parfaitement déloyale. Des pans entiers de leur économie disparaissent, et des millions de travailleurs sont mis sur le pavé. Les financiers de ces pays se frottent les mains car l'argent rentre, mais les forces vives du pays s'amenuisent. Alors que certains déplorent une perte limitée de souveraineté du fait de l'installation de l'Europe, comment peuvent-ils ne pas s'apercevoir que les dirigeants des pays européens ont, eux, perdu tout moyen de contrôle sur le plan mondial, ce qui est infiniment plus grave et dont ils feraient bien de se préoccuper. C'est un mécanisme absolument diabolique qui a été instauré par quelques uns et dont la partition est magistralement exécutée avec le concours inconscient des foules et des médias. Si l'on se rappelle que ce sont les mêmes qui, il y a cinquante ans, criaient haro sur le colonisateur, ce n'est que la continuation d'une logique implacable. Ote-toi de là que je m'y mette !.. |
||||||
Page précédente |