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      Rien, a priori, ne prédisposait Maurice Allais à se tourner vers l'étude des Sciences Economiques.
      Sa formation classique et scientifique, son tempérament empirique, sa curiosité de l'inconnu, son passage par l'Ecole Polytechnique, tout le tournait naturellement vers l'étude des sciences du concret. On a d'ailleurs vu (voir le chapitre : Le Scientifique) l'empressement et l'acharnement qu'il a mis à se lancer dans des expériences de physique fondamentale, et ceci sur une simple intuition de départ. Ce qu'il appelle l'intuition créatrice.
      Dans plusieurs de ses ouvrages, Maurice Allais nous explique le pourquoi de sa vocation scientifique. Pour moi, il me semblait plus nécessaire de connaître le pourquoi de sa vocation d'économiste !    Pourquoi, dès le début de sa carrière, s'est-il intéressé à ce point aux Sciences Economiques auxquelles sa formation antérieure ne l'avait pas préparé ?
     Un début de réponse se trouve certainement dans la haute conception qu'il a de la philosophie de la vie, dans sa conception de l'éthique sociale, dans l'intérêt qu'il porte à l'étude de la psychologie humaine et dans sa conviction de la nécessité du progrès économique et social. Mais cela n'aurait pas été suffisant sans un concours de plusieurs circonstances qui ont tout déclenché et que Maurice Allais a bien voulu me confier.
      Pendant les vacances de l'été 1933, à sa sortie de Polytechnique et avant d'effectuer son service militaire, il va visiter les Etats-Unis. C'est l'époque de la Grande Crise et il est très troublé par les conséquences sociales effroyables qu'elle entraînait, alors que personne ne l'avait vu venir et que personne n'en avait vraiment bien compris l'origine. Cela le conduisit à vouloir analyser le phénomène pour en démonter les mécanismes afin d'affiner les connaissances économiques, le but étant d'éviter le retour de semblables catastrophes et de promouvoir le progrès social pour le bénéfice de tous.
     Un peu plus tard, faisant son service militaire comme jeune officier à l'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau, il avait l'habitude de venir passer le dimanche à Paris. Un lundi matin, sur le trajet de retour à Fontainebleau, sa moto a un accrochage avec un taxi. Son retard lui vaut 40 jours d'arrêts. Mais sa note de sortie s'en ressent, et au lieu d'être affecté à une garnison prestigieuse comme il aurait pu prétendre, on l'affecte à l'armée des Alpes !   Petite cause, grands effets ! Ce deuxième concours de circonstances tout à fait fortuit lui sauva peut-être la vie car, lorsque la guerre se déclencha, beaucoup de ses camarades furent tués ou blessés sur le front des Ardennes en 1940. Sa guerre à lui se passa sur le front italien et ne dura que les 15 jours séparant l'entrée en guerre de l'Italie et l'armistice. Au surplus, son inactivité forcée de plusieurs mois lui avait laissé beaucoup de temps pour la réflexion.  Cette visite aux Etats-Unis et cet accrochage anodin furent finalement à l'origine du tournant pris par sa vie.

 

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