La Charte des Nations Unies, dont un
des Etats fondateurs a été un des Etats les plus criminels de toute lhistoire, ne
saurait être considérée comme conforme aux idéaux humanistes dune société
libérale que si elle est réformée sur quelques points fondamentaux :
1 - Ne devraient être admis comme membres des Nations Unies que les seuls
Etats qui se fonderaient sur les principes démocratiques dune société humaniste
et libérale, et qui se seraient engagés à protéger et à respecter leurs minorités
quelles quelles soient, et à reposer sur des structures fédérales lorsque ces
minorités sont relativement importantes.
2 - Les frontières devraient pouvoir être éventuellement révisées
suivant des principes préétablis et des procédures appropriées.
3 - Tout Etat membre des Nations Unies devrait avoir lobligation
de saisir le Conseil de Sécurité dès quil aurait connaissance dune
situation conflictuelle dangereuse entre Etats ou à lintérieur dEtats.
4 - Le devoir dingérence dans les affaires intérieures dun Etat devrait
être admis, suivant des principes et une procédure appropriés, dès lors que, par
loppression dune minorité, cet Etat ne respecte pas la Déclaration
Universelle des Droits de lHomme et la Charte des Nations Unies.
5 - Un Tribunal international permanent devrait être créé
pour juger et punir, suivant des principes et des procédures préétablis, les crimes de
guerre, les crimes contre lhumanité, et tous les agissements, quels quils
soient, ayant suscité des conflits ( 1 ).
6 - Le commerce des armes devrait être strictement réglementé. Toute
livraison darmes à des Etats non démocratiques ou opprimant des minorités sans
défense devrait être totalement interdite.
7 - Ces principes devraient être acceptés et respectés par tous les
pays membres sans aucune exception. Leur non observation devrait entraîner
lexclusion des Nations Unies.
8 - Le nombre de voix dont dispose chaque pays membre au sein de
lAssemblée Générale devrait tenir compte dune manière appropriée de sa
population et de la contribution quil est susceptible dapporter pour faire
respecter les décisions des Nations-Unies ( 2 ).
Telles devraient être les bases effectives dun nouvel ordre
international, qui soit autre chose que la continuation dun ordre international qui
ne fait que masquer et reconduire indéfiniment de profondes incohérences, de multiples
désordres sous-jacents, et de grandes injustices.
En fait, ce ne sont là que quelques suggestions. Ce quil
faut, cest repenser complètement la Charte au regard des leçons de
lexpérience depuis la seconde guerre mondiale et de la situation
daujourdhui. Là, comme ailleurs, le maintien indéfini du statu quo ne
saurait constituer une bonne solution.
Comme la si bien dit Pascal, voici plus de trois siècles, nous devrions "faire
que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste ".
A la suite du gigantesque raz de marée politique qui a suivi louverture du mur
de Berlin le 9 novembre 1989, les Etats-Unis ont acquis une situation hégémonique dans
le monde, sans aucun précédent dans toute lhistoire de lhumanité.
Cette situation toute nouvelle doit nous amener à réfléchir. La détention
dun tel pouvoir par un seul pays peut manifestement conduire à tous les abus et il
convient de nous en préserver.
Le parachèvement de la Construction Européenne nen devient que plus urgent.
Dans limmédiat une mesure s' impose, c' est la modification de larticle 27
de la Charte des Nations Unies relatif au droit de veto, dont les Etats-Unis
nont que trop tendance à faire un usage abusif.
A la rédaction actuelle de larticle 27, § 3 :
"Les décisions du Conseil de sécurité.., sont prises par un vote affirmatif
de neuf de ses membres dans lequel sont comprises les voix de tous les membres permanents ".
il convient de substituer la rédaction :
"Les décisions du Conseil de sécurité. . . sont prises par un vote
affirmatif de neuf de ses membres dans lequel sont comprises les voix de quatre membres
permanents au moins".
Pour sopposer à une décision du Conseil de sécurité il
faudrait ainsi que deux membres permanents au moins sy opposent ( 3 ).
En dernière analyse, dans le cadre dune société libérale
et humaniste, cest lhomme et non lEtat qui constitue lobjectif
final et la préoccupation essentielle. Cest à cet objectif que tout doit être
subordonné.
Une société libérale et humaniste ne saurait sidentifier
à une société laxiste, laissez-fairiste, pervertie, manipulée, ou aveugle.
Quant à la construction de lEurope, il nest pas conforme
aux idéaux du libéralisme et de lhumanisme de substituer aux besoins des citoyens
tels quils les ressentent eux-mêmes suivant leur propre échelle de valeur, "leurs
prétendus besoins" appréciés par dautres, hommes politiques,
technocrates, ou dirigeants économiques, quels quils puissent être.
En réalité, léconomie mondialiste quon nous présente
comme une panacée ne connaît quun seul critère, "largent".
Elle na quun seul culte, "largent". Dépourvue de toute
considération éthique, elle ne peut que se détruire elle-même. En fait, le passé ne
nous offre que trop dexemples de sociétés qui se sont effondrées pour
navoir su ni concevoir, ni réaliser les conditions de leur survie.
Les perversions du socialisme ont entraîné leffondrement des
sociétés de lEst. Mais les perversions laissez-fairistes dun prétendu
libéralisme nous mènent à leffondrement de notre société ( 4 ).
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NOTES
1. Le 6 mai 2002 les Etats-Unis ont déclaré aux Nations Unies quils ne
ratifieraient pas le Traité de Rome créant la Cour Pénale Internationale (CPI)
signé par le Président Clinton le 31 décembre 2000 avant de quitter la Maison Blanche.
Cette décision est dautant plus choquante que le 25 mai 1993 les
Etats-Unis avaient été à lorigine du Tribunal International de La Haye,
création ad hoc pour juger les crimes commis par les serbes en Yougoslavie.
Voir Le Monde du 7 mai 2002, p. 15, et Le Figaro, Jean-Marc
Verant "Le réveil du droit pénal international", 19 mai 2002.
2. Il est tout à fait déraisonnable dattribuer le même nombre de
voix àlAssemblée Générale des Nations Unies aux très petits Etats comme par
exemple lîle Maurice ou lîle de Chypre, et à de grands Etats comme
lInde, lArgentine, le Canada ou lAllemagne.
3. Je rappelle que daprès larticle 23 de la Charte le Conseil de
sécurité comprend quinze membres dont dix élus par lAssemblée générale et cinq
membres permanents, la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
4. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux
Combats pour lEurope, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de
Suffren, Paris 75015, tél. 01 45 67 18 38 ).