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UNE RESPONSABILITE
ECRASANTE DE LOCCIDENT
Aujourdhui,
en septembre 2002, on ne peut que mesurer lécrasante responsabilité des Etats-Unis
et de lEurope au regard des tragédies survenues en Cisjordanie, à Gaza, et en
Israêl dans ces dix dernières années ( 1 ), et tout particulièrement depuis le
déclenchement de la deuxième intifada à la suite de la provocation dAriel Sharon
le 28 septembre 2000 sur lesplanade des Mosquées ( 2 ).
Durant tous ces mois les attentats terroristes palestiniens en Israel
et les représailles exercées par larmée israélienne nont cessé de faire
dinnombrables victimes et dexaspérer les haines de tous côtés.
Toutes ces tragédies doivent nous déterminer à ne plus nous
contenter dinvocations lyriques des droits de lhomme, et à respecter, et à
faire respecter nos propres principes.
Une seule solution
Comme il y a dix ans,au regard de limpossibilité avérée
dobtenir un accord entre Israel et les Palestiniens, au regard des décisions
antérieures du Conseil de Sécurité des Nations-Unies ayant force de loi, et des
dispositions générales de la Charte des Nations Unies, une seule solution apparaît
possible ( 3 ).
 | la renonciation totale par les réfugiés palestiniens au droit au retour,
compensée par des indemnités appropriées ; |
 | lévacuation par Israêl de tous les territoires occupés depuis la Guerre
des Six Jours et le retour total aux frontières de janvier 1967 en
application de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies avec
lévacuation par Israél de toutes ses colonies ; |
 | la création dun Etat palestinien incluant la Cisjordanie et la bande de Gaza
; |
 | le partage de Jérusalem suivant les frontières de janvier 1967, le libre exercice des
religions juive, chrétienne et musulmane, et létablissement dun droit de
contrôle des Nations Unies sur ce statut ; |
 | la reconnaissance par les Palestiniens et tous les Etats arabes de lEtat
dIsraêl dans ses frontières de janvier 1967 ; |
 | létablissement dune force militaire dinterposition des Nations Unies
avec des contingents des Etats Unis, de lUnion Européenne et de la Russie, aussi
longtemps quil sera nécessaire ; |
 | lexécution immédiate et sans réserve de ce plan en application des
dispositions des Chapitres VI, VII, VIII et XII de la Charte des Nations Unies, en
recourant, sil était nécessaire, à lutilisation de la force armée ; |
 | la garantie conjointe de la pleine sécurité dIsrael et de lEtat
Palestinien par les Nations Unies et tout particulièrement par les Etats-Unis,
lUnion Européenne et la Russie ; |
 | une aide économique majeure accordée aux Etats Israélien et Palestinien par les
Etats-Unis, lUnion Européenne et les Pays arabes pour lapplication de ce
Plan. |
Les agréments antérieurs
Pour lessentiel ce Plan correspond aux décisions 242 du
22 novembre 1967 et 338 du 22 octobre 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, dont
la nécessité de lapplication a été soulignée par le Président Bush dans
son discours devant le Congrès américain du 6 mars 1991.
Tel est encore pour lessentiel le plan proposé en mars
2002 par le Prince Saoud Al-Fayçal de lArabie saoudite.
Ce Plan, dans son principe, correspond également à la Décision 1397
du Conseil de sécurité du 12 mars 2002 se fondant sur le principe de la coexistence de
deux Etats israélien et palestinien et se référant aux décisions 242 de 1967 et 338 de
1973.
Puis-je ajouter que tel était là encore, pour lessentiel, le
Plan que javais déjà suggéré en 1991.
Mais la justification essentielle de ce Plan, sa nécessité, cest
quil faut mettre fin une fois pour toutes à cinquante ans de désordres, de
guerres, et de tragédies, au cours desquelles Palestiniens et Israéliens nont
jamais cessé de soutenir des points de vue inconciliables.
Il nest que trop certain aujourdhui quil faut une
fois pour toutes renoncer aux casuistiques hypocrites et aux tartuferies honteuses
auxquelles il a été constamment recouru de tous côtés ( 4 ).
Le terrorisme
Il nest personne qui ne puisse condamner les crimes commis par
les terroristes. Mais lutter contre le terrorisme ne saurait suffire. Il faut lutter
contre les causes du terrorisme.
Les actes terroristes palestiniens ne sont en fait que les actes
désespérés dun peuple assujetti et opprimé depuis des dizaines dannées.
Ne faut-il par rappeler ici que daprès la Déclaration universelle des Droits de
lhomme des Nations Unies du 10 décembre 1948: "Il est essentiel que les
droits de lhomme soient protégés par un régime de droit pour que lhomme ne
soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et
loppression ".
En fait, puis-je rappeler ici que si après la Première Guerre
mondiale lIrlande a pu recouvrer presque totalement son indépendance, cest en
raison des actes terroristes commis pendant et après la Première guerre mondiale.
Avec le recul de lhistoire, on peut aujourdhui valablement
s'interroger sur les responsabilités encourues lors du terrorisme irlandais : les
véritables terroristes étaient-ils les terroristes qui revendiquaient
lindépendance de lIrlande au nom du droit des peuples à disposer de leur
destin, ou les gouvernements successifs de lAngleterre qui se refusaient à leur
accorder une indépendance nécessaire.
Un veto combien significatif
Depuis le déclenchement de la deuxième intifada en septembre 2000 il
est une décision des Etats-Unis quon ne saurait trop souligner.
Le 27 mars 2001 les Etats-Unis ont opposé leur veto à une
Décision du Conseil de Sécurité prévoyant létablissement dune force
dobservation des Nations Unies en vue de protéger les populations civiles
palestiniennes en application notamment de la quatrième Convention de Genève du 12 mars
1949 sur la protection des civils en temps de guerre.
Il est certain que si les Etats-Unis navaient pas opposé
leur veto à cette Décision du Conseil de sécurité le déroulement des événements au
Moyen-Orient depuis avril 2001 aurait été tout autre.
Tout aussi bien les attentats terroristes des kamikazes palestiniens que les violentes
représailles dIsraêl auraient été impossibles ( 5 ).
En lespèce le Président Georges W. Bush est et reste responsable de milliers
de victimes innocentes ( 6 ).
_________________________
NOTES
1. Voir mes deux articles du Figaro des 23 et 28 octobre 1991 La
question des minorités et la Charte des Nations Unies ; La question Palestinienne et le
conflit israélo-arabe. Voir également Allais, 1991, LEurope face à son
avenir. Que Faire ?, Notes 39, p. 155-158 ; 49, p. 161-165 ; 65, p. 171-174 ; 112, p.
198-199 ; et 140, p. 210 (Robert Laffont et Clément Juglar, 1991).
2.Je crois devoir rappeler ici les superficies concernées :
Israêl, 20 325 km2 - territoires occupés par Israêl : Cisjordanie, 5 879 km2
, Gaza, 378 km2, Golan, 1150 km2
De 1948 à 1950, 800 000 Palestiniens ont dû fuir la Palestine. En 1967, lors de la
Guerre des Six Jours, 200 000 Palestiniens ont dû prendre le chemin de lexil.
Aujourdhui le nombre des Palestiniens sélève à 3 740 000, dont 583 000
dans la bande de Gaza, 570 000 en Jordanie, 376 000 au Liban, et 383 000 en Syrie.
En Cisjordanie 170 colonies juives ont été créées où vivent 171 000 colons. (Le
Monde, 10 décembre 2001, Palestiniens.~ Quel Avenir ?).
La population dIsrael sélève à 6,6 millions, dont 19 % dArabes (Le
Monde, il février 2002, Horizons Israel, p. 15-18).
3. Ce Plan comporte des sacrifices majeurs, mais tout à fait comparables, des
deux côtés : la renonciation au droit de retour des réfugiés palestiniens, la
renonciation des Israéliens à leurs colonies.
4. Comment expliquer la politique dIsrael depuis 1967 et son refus obstiné
dappliquer la Décision 242 de 1967 du Conseil de Sécurité?
Comment expliquer que sans cesse, même pendant tous les pourparlers de paix, Israel
nait cessé de développer ses colonies en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ?
Comment expliquer quIsraêl ait constamment refusé toute force internationale
dinterposition ?
La seule explication possible, cest que lobjectif fondamental constamment
poursuivi par Israel, cest sa mainmise totale à terme sur la Cisjordanie et la
bande de Gaza.
5. Il est même tout à fait possible que dans ce nouveau contexte
lattentat du World Trade Center du 11 septembre 2001 naurait pas eu
lieu.
6. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour
lEurope, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren,
Paris 75015, tél. 01 45 67 18 38 ).
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